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19 juillet 2020 - Art
23 octobre 2012 - La peinture de Karim Meziani est une densité qui fait danser les couleurs.
01 octobre 2012 - Karim Meziani, a voyage to the land of the Berbers!
11 septembre 2012 - Karim Meziani, un voyage au pays des Berbères !
16 août 2012 - Karim Meziani , une expérience immodérée
16 août 2012 - Karim Meziani, Nice (Fr)
16 août 2012 - Le combattant du pigment
16 août 2012 - UN PLUS UN EGAL TROIS
16 août 2012 - Bleuir
16 août 2012 - Extrait :interview

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Expositions :

2012 - Exposition Personnelle : Du 2 au 18 mars Galerie Saint-Germain Rennes
2012 - Exposition Collective Internationale : Exposition International Valbonne Du 21 au 23 Septembre 2012
2012 - Exposition Personnelle : du 26 au 12 Octobre 2012 Fondation Sophia-Antipolis ( F )
2012 - Exposition Personnelle : du 4 Octobre au 2 Novembre Galerie Culturel Beausoleil ( F )
2011 - Exposition Personnelle Internationale : Galerie T ’hoen Dokkum (HOLLANDE)

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L'Artiste : Karim Meziani

« Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien. Si tu possèdes peu, donne ton cœur! »

Ceci fait partie de la sagesse populaire des Berbères. Ce proverbe nous est rapporté par le philosophe berbère Charif Barzouk.
Pourquoi je vous parle de cela? Eh bien parce que l'artiste de ce soir, Karim Meziani, est né dans les sables du centre de l'Algérie, dans une famille- berbère de la petite localité des Aurès. Petit enfant, il a quitté son ciel bleu, son soleil aveuglant et ses grandes étendues pour venir habiter à Nice. Ce soir, il nous offre de larges périodes de ciel bleu, comme disent les météorologistes, des couleurs à faire blêmir les palettes les plus riches, des tableaux à .... Mais je vais revenir sur ces tableaux. Ce soir, Karim Meziani nous offre sa plus grande richesse, celle qu'il puise au fond de son cœur, son talent, un passé qui coule dans ses veines, et des couleurs à nulles autres comparables.

Après ses études d'art à l'université de Nice, il a décidé de se consacrer entièrement à l'expression artistique. Oscillant d'abord entre peinture et sculpture, il a opté pour la première, car, dit-il, pour la sculpture, il faut composer, tandis que peindre, c'est d'abord créer.

Et l'artiste, hier, me disait un certain nombre de choses qui le définissent bien: "peindre, c'est quelque chose que l'on ressent, que l'on porte en soi. Peindre, c'est dévoiler ses sentiments, c'est un acte de générosité. Il y a, dans la démarche, de la beauté, de la créativité, un côté émotionnel. Peindre, c'est une idée abstraite, qu'on ne contrôle pas. Alors, ou bien on va jusqu'au bout ou bien on abandonne! Car, être artiste, c'est à la portée de tout le monde, encore faut-il trouver son rythme, son style ».

Ce style, Karim Meziani l'a assurément trouvé. Un jour, il a eu le coup de foudre pour un bleu qui l'a fait craquer! Quoi de plus normal quand on vient du Grand Sud, car le bleu, ce bleu profond qui fait le tour de la Méditerranée pour faire chanter les maisons, les volets, les portes et le ciel fait partie intrinsèque du vécu et de l'univers des gens du Sud.

Pourtant, c'est parce que ce bleu n'était pas cher chez le marchand pour l'étudiant qu'il était alors que Karim a acheté son premier pigment. Il avait trouvé sa voie : Karim Meziani ne presse pas les tubes de couleurs, il court en Italie acheter ses pigments, il crée ses teintes lui même.

C'est là, la première démarche de l'artiste. Là, déjà, il crée. Il n'achète pas davantage de pinceaux ou de couteaux, l'artiste se sert essentiellement de ses mains et de ses doigts pour faire vibrer les -pigments sur sa toile, traduire son ressenti et ses émotions.


Aujourd'hui, voilà quinze ans qu'il peint, il a derrière lui près de 120 expositions, mais il ne se lasse pas d'étendre, de maîtriser, de sublimer ce bleu qui traduit si bien ce qu'il veut nous offrir de meilleur de lui-même.

Au début, ce n'était pas cela. Après des tableaux réalisés pour payer ses études, après une période durant laquelle il a peint des croissants de lune et de petites maisons marabouts, il a trouvé sa voie, à force de travail et de réflexion. Il m' a confié aussi qu'il travaille tous les jours, pour être sans cesse en communion avec son travail, avec son œuvre, et ainsi, il évolue inconsciemment.

Il a rencontré le peintre Chagall un peu avant sa mort, et l'artiste lui a confié: pour faire une première exposition, il faut dix ans de peinture et pour être un peintre, il faut travailler du matin au soir!

Karim a bien compris ce que voulait lui dire Chagall: "après dix ans, quand on fait son bilan, on sait si l'on a évolué ou non; on se rend compte que, quand on est tous les jours dans son atelier, tout le temps dans son monde, la sensibilité que l'on captive permet d'être encore, le lendemain, au rendez-vous. On doit être disponible pour l'art! "

Alors, quand vous regardez les tableaux de Karim Meziani, vous vous rendez compte d'une chose essentielle, c'est que la couleur a pris le pas sur le sujet. Parce que le sujet est un moteur pour l'artiste tandis que la couleur est la vraie conception de la démarche. Ce qu'il nous offre, c'est l'équilibre auquel il a contraint les couleurs, c'est la force émotionnelle qui s'en dégage. Laissez-vous imprégner de ces bleus, entre ciel, mirage et océan, qui vous font chavirer. L'artiste impose ses bleus, il impose sa matière. Le sujet, Mesdames, Messieurs, il vous appartient! C'est vous qui le personnalisez, qui lui donnez sa consistance en y projetant votre vécu, vos valeurs, votre ressenti. Le sujet, c'est à vous de vous l'approprier.

Evidemment, vous allez me dire qu'il n'y a pas que du bleu dans l'œuvre de Karim Meziani, qu'il y a aussi des oranges, des rouges garance, des jaunes, des verts Veronèse, du blanc de zinc, du noir d'ébène ... Parfois, il ajoute même une touche de feuille d'or pour donner, dit-il, « une démarche de divinité et de sacré, pour honorer la matière, le sujet et la conception de la vie, c'est-à-dire la méditation ».


Rien que des couleurs pures, des couleurs qui parlent, qui traduisent quelque chose. Par exemple, jaune, orange et rouge sont comme une plaie ouverte, comme une blessure inconsciente. Et si le bleu traduit la paix, le calme, la plénitude, rouge et orange dévoilent une violence personnelle. Contemplant ces œuvres, vous allez y projeter vos propres émotions.

Sachez que, dans ces insondables bleus, il y a un personnage qui se noie parfois dans une infinie tristesse. Parce que le peintre vit, Mesdames, Messieurs, quand il travaille, il combat, il résiste, il lutte avec lui-même afin d'avancer, d'aller plus loin, de créer, tout simplement. Et quand il se redresse, qu'il prend du recul par rapport à son œuvre, il monte en lui comme un sentiment d'insatisfaction, Il aurait voulu mieux faire, aller plus loin encore dans l'exploration de la matière, de la couleur, de ses propres sentiments.

L'artiste travaille d'instinct, sans esquisse, sans filet. Il se livre à la toile afin que la toile vous parle ensuite. C'est pour que ce dialogue existe qu'il peint sans arrêt et qu'il expose partout où un espace de lumière lui tend les bras. Car créer, c'est aller à la rencontre des autres, livrer de soi-même, se dévoiler.

Un détail! Ne cherchez pas la signature du peintre au bas de ses toiles. Il estime - et sans doute n'a-t-il pas tout à fait tort - un peu comme certains grands maîtres d'autrefois qu'ajouter son nom sur un tableau, c'est y mettre quelque chose qui ne fait pas partie de l'œuvre. Alors, Karim Meziani signe au dos de ses peintures.

Je voudrais conclure en épinglant quelques traits de la personnalité du peintre, qu'il nous livre sans prétention mais avec beaucoup de sincérité.
«Je suis un optimiste, dit-il, un vrai nomade, très indépendant, j'aime être libre». Que voulez-vous, on ne se débarrasse pas si facilement de sa peau de berbère !

© Charly Dodet